Liste de surveillance 2014 - Mot d’ouverture

Kathy Fox
Présidente, Bureau de la sécurité des transports du Canada
le 26 novembre 2014

Seul le texte prononcé fait foi.

Bonjour et merci de votre présence.

Aujourd'hui, nous publions notre plus récente liste de surveillance, qui comprend les 8 problèmes qui, selon nous, posent le plus grand risque pour le système de transport du Canada.

Ces problèmes concernent les secteurs du transport maritime, ferroviaire et aérien, et touchent les Canadiens et Canadiennes d'un océan à l'autre. L'un d'entre eux est tout nouveau, trois ont pris de l'importance depuis la publication des listes précédentes et quatre sont non résolus. Grâce aux efforts déployés, un problème concernant le transport aérien a été supprimé.

La présence de chacun des problèmes est fondée sur l'analyse de centaines d'enquêtes sur des accidents, des milliers d'heures de recherche et des douzaines de recommandations émanant du BST. Tout nouveau problème à intégrer à notre liste de surveillance doit être soumis à un rigoureux processus d'examen. Le processus pour éliminer un problème l'est tout autant.

En sélectionnant les problèmes qui figureront sur la liste de surveillance, nous constatons que l'amélioration de la sécurité des transports au Canada est souvent un processus lent et ardu. Mais il n'en demeure pas moins que si nous n'insistons pas pour faire changer les choses, il pourrait y avoir perte de vie, et nul doute, il y en aura.

Je vais donc commencer en soulignant un problème qui a pris de l'importance et j'enchaînerai ensuite avec un nouveau problème, puisque les deux ont été observés au cours de l'enquête sur l'accident survenu à Lac-Mégantic, mais aussi dans le cadre d'autres accidents de transport.

Le premier problème qui a pris de l'importance porte sur la gestion de la sécurité et la surveillance. Un système de gestion de la sécurité, ou SGS, est un excellent outil pour aider les entreprises à cerner à l'avance les risques et à les régler avant qu'un accident survienne. Cependant, ce ne sont pas toutes les entreprises de transport aérien et maritime qui sont tenues d'avoir en place des mécanismes de sécurité en bonne et due forme pour gérer leurs risques. Et dans le cas des entreprises de transport aérien, maritime ET ferroviaire qui doivent avoir un SGS, ce système n'est pas toujours mis en œuvre de façon efficace. En outre, la surveillance et les interventions de Transports Canada ne se sont pas toujours avérées efficaces.

La solution comporte trois volets. Tout d'abord, Transports Canada doit élargir la portée de sa réglementation sur l'obligation d'adopter des mécanismes officiels de gestion de la sécurité à un plus grand ensemble d'exploitants.

Deuxièmement, les exploitants qui possèdent un SGS doivent prouver qu'il fonctionne. C'est-à-dire qu'ils doivent démontrer que leurs mécanismes leur permettent de cerner les dangers et de mettre en œuvre des mesures efficaces pour les atténuer.

Troisièmement, si des entreprises ne peuvent assurer une gestion de la sécurité efficace, Transports Canada doit non seulement intervenir, mais le faire de façon à changer les pratiques non sécuritaires. Comme nous le savons aujourd'hui, une culture de sécurité déficiente au sein d'une entreprise et une surveillance insuffisante de la part de Transports Canada ont été des facteurs contributifs à l'accident qui a eu lieu à Lac-Mégantic.

Le problème lié au transport de liquides inflammables par rail découle lui-aussi de l'accident survenu à Lac-Mégantic et d'autres accidents ferroviaires récents. La quantité de pétrole brut transportée par rail en Amérique du Nord a augmenté énormément au cours des dernières années, passant d'un peu plus de 11 000 wagons complets il y a cinq ans à plus d'un demi-million l'an dernier.

Comme nous avons clairement pu le constater par l'étendue des dommages à Lac-Mégantic, une grande partie du pétrole brut est volatil. Si les compagnies ferroviaires en Amérique du Nord sont appelées à transporter de plus en plus de liquides inflammables en passant par nos villages et nos villes, les risques qui en découlent doivent être atténués de façon efficace.

Pour réduire la probabilité que des marchandises dangereuses soient déversées lors d'un accident ferroviaire, nous demandons que les wagons-citernes soient plus robustes, que les itinéraires soient analysés et que des mesures d'atténuation des risques soient adoptées afin de faire en sorte que l'exploitation de tous les trains transportant des marchandises dangereuses au Canada soit plus sécuritaire. Et jusqu'à ce que ce soit le cas, ce problème figurera dans notre liste de surveillance.

Comme je l'ai mentionné plus tôt, 2 autres problèmes ont pris de l'importance. Plus tôt cette année, nous avons publié notre rapport final sur l'écrasement tragique d'un vol de First Air à Resolute Bay, qui a révélé les conséquences catastrophiques de poursuivre une approche non stabilisée. Nous savons qu'un trop grand nombre d'approches non stabilisées se poursuivent jusqu'à l'atterrissage et que, chaque année au Canada, on compte environ 150 accidents à l'approche et à l'atterrissage.

C'est pourquoi nous réclamons que Transports Canada et les exploitants du transport aérien prennent des mesures pour réduire le nombre de ces approches, qui peuvent aboutir à des sorties en bout de piste. Nous demandons également à Transports Canada d'aller de l'avant et d'apporter des modifications à sa réglementation pour aider les aéroports à trouver des solutions sur mesure pour prolonger les aires de sécurité à l'extrémité des pistes ou de mettre en œuvre d'autres systèmes pour arrêter les avions qui sortent en bout de piste.

L'autre problème qui a pris de l'importance concerne la sécurité aux passages à niveau. Ce problème a été intégré à notre liste de surveillance en 2010 et ciblait les collisions de trains de voyageurs avec des véhicules dans le corridor ferroviaire très achalandé entre Québec et Windsor. Heureusement, nous avons noté une baisse importante dans ce secteur. Par contre, ailleurs au Canada, le nombre de trains entrant en collision avec des véhicules demeure élevé. En fait, au cours des 10 dernières années, 1 865 accidents de cette nature ont eu lieu, qui ont fait 400 morts ou blessés graves, y compris l'accident survenu en 2013, ici à Ottawa, entre un train de Via Rail et un autobus d'OC Transpo.

Nous demandons  à Transports Canada de mettre en œuvre un nouveau règlement sur les passages à niveau et d'établir des normes améliorées pour les panneaux indicateurs. Pour être complète, la solution doit en outre être établie après consultation des autorités provinciales et favoriser une sensibilisation plus poussée des conducteurs aux dangers existant aux passages à niveau.

Finalement, il reste 4 problèmes non résolus pour lesquels nous n'avons noté que peu d'amélioration depuis qu'ils ont été intégrés à la liste de surveillance en 2010.

Dans le secteur aérien, il existe un risque persistant : l'entrée en collision d'aéronefs avec des véhicules ou d'autres aéronefs au sol. Dans le secteur maritime, les accidents de bateaux de pêche continuent de causer la mort d'un pêcheur par mois en moyenne au Canada. Puis, dans le secteur ferroviaire, les problèmes liés aux signaux qui ne sont pas reconnus ni respectés, et à l'absence d'enregistreurs vidéo ou de la parole à bord des locomotives demeurent.

Pour résoudre chacun de ces problèmes, il faudra déployer des efforts concertés et y accorder du temps, de l'énergie et une bonne dose de volonté politique, mais ils pourraient tous être résolus en entier. Et nous constatons que des progrès ont été réalisés en ce sens.

Nous avons supprimé un problème de la liste de surveillance, soit celui des collisions d'aéronefs avec l'eau ou le sol. Nous avons pu le faire parce qu'une exigence visant une nouvelle technologie a permis de réduire le risque.

Avec cette liste de surveillance, le BST demande de nouveau au gouvernement de faire de la sécurité publique une priorité. Nous demandons également au secteur du transport de relever le défi et de collaborer avec Transports Canada pour résoudre ces graves problèmes.

La première étape a été franchie aujourd'hui avec la détermination des nouveaux problèmes. Puis, au cours des prochains mois, en collaboration avec les membres du Bureau et les employés du BST, je profiterai de toutes les occasions pour rencontrer les intervenants et leur rappeler ce qui doit être fait.

Je peux assurer la population canadienne que nous rendrons compte publiquement de nos constatations, nous exigerons des comptes aux représentants gouvernementaux, non seulement sur leurs réalisations, mais aussi sur leurs promesses. Lorsque des améliorations auront été apportées et que des risques auront été atténués, nous n'hésiterons pas à le dire. Et lorsque les efforts auront été insuffisants, vous pouvez compter sur nous pour le clamer haut et fort.

Merci.